Alors que les politiques de généralisation du 30 km/h prennent leur envol, les partis de droite s’y opposent. L’UDC fait même de ce dossier un véritable combat culturel. Outre des interventions dans différents cantons, la modération du trafic devrait même être prochainement entravée au niveau national.
L’introduction du 30 km/h est une histoire à succès. Rien d’étonnant à cela : la réduction de la vitesse permet de réduire le bruit, d’améliorer la sécurité et de fluidifier le trafic. Une mesure qui devrait aller de soi, pourrait-on penser. Pourtant, ces dernières années, l’opposition anti- 30 km/h s’est intensifiée. Menés par l’UDC, qui, en plus de sa bataille contre les étrangers et l’écriture inclusive, a désormais déclaré que le 30 km/h était un combat culturel, les partis bourgeois tentent de mettre des bâtons dans les roues du 30 km/h au niveau cantonal et national.
Motion Schilliger
Ainsi, une motion du conseiller national PLR lucernois Peter Schilliger visant à limiter l’introduction de la vitesse à 30 km/h sur les routes principales a été transmise – une aubaine pour Albert Rösti. Il faut donc s’attendre au pire.
Revers à Genève
Genève a subi un coup d’arrêt majeur dans son projet d’introduction du 30 km/h à large échelle. Le Conseiller d’Etat en charge de la mobilité avait passé un compromis avec les milieux routiers, permettant de lever six des sept (!) recours déposés contre la stratégie vitesse de son prédécesseur. Le projet aurait abaissé la vitesse sur 450 tronçons routiers. Malheureusement, le dernier recours restant, déposé par un particulier, a gagné en première instance. actif-trafiC avait mobilisé une coalition d’associations afin d’entrer dans la procédure en soutien au Canton. Parallèlement, une loi cantonale – encore en cours d’examen au Parlement – vise à garantir le 50km/h sur des axes dits « structurants ». actiftrafiC se joindra au lancement d’un référendum le moment voulu.
Initiative anti-30 km/h à Zurich
À Zurich, une « initiative sur la mobilité » de l’UDC et du PLR sera probablement soumise aux urnes sans contre-projet à l’automne. Son nom anodin est trompeur – il s’agit bien d’une initiative anti-30km/h. L’autonomie des villes devrait être fortement bridée et le 30 km/h sur les routes principales rendu nettement plus difficile.
Le TCS veut brider Bâle-Campagne
À Bâle-Campagne, une initiative du TCS exige une décision du délibératif communal avant que tout exécutif communal puisse proposer le 30 km/h sur une route cantonale. Les tronçons à 30 km/h déjà décidés devraient même être approuvés rétroactivement par le peuple ! Le Conseil d’Etat recommande vivement de rejeter l’initiative.
50 km/h sur les grands axes à Lucerne, Fribourg et Schaffhouse ?
Depuis octobre 2023, 60 % du réseau routier de la Ville de Fribourg est limité à 30km/h. La mise en place de la mesure a fortement polarisé : d’un côté des habitant·es réjouis et de l’autre de très vives protestations d’hostilité. Suite à une motion déposée au Grand Conseil, un projet de loi cantonal actuellement en consultation vise à garantir le 50 km/h sur les routes cantonales. Dans le canton de Lucerne et en ville de Schaffhouse, des initiatives populaires avec des objectifs similaires sont en cours de traitement. À St-Gall, c’est une motion qui vise les mêmes objectifs.
Votations à l’horizon
Outre ces démarches, des motions ont été transmises dans les cantons de Berne et de Vaud, qui demandent un moratoire sur la limitation de vitesse à 30 km/h sur les routes principales jusqu’à ce que la Confédération ait clarifié la mise en oeuvre de la motion Schilliger. De nombreuses votations populaires et peut-être même un référendum national risquent donc d’avoir lieu dans les prochains mois.
Le 30 km/h sauve des vies
À l’étranger, les villes décident les unes après les autres d’introduire le 30 km/h sur l’ensemble de leur territoire – avec des bénéfices évidents pour toutes et tous. Le bureau suisse de prévention des accidents (BPA) est également clair : « l’introduction du 30 km/h en axant sur la sécurité permettrait d’éviter 640 blessés graves et 20 tués par an ».
