Plus la limitation de vitesse à 30 km/h se banalise dans les villes et les villages, plus le lobby automobile s'y oppose avec acharnement par le biais d'oppositions et de référendums. Il parvient à retarder l'introduction de la réduction de la vitesse, mais ne peut pas arrêter l'évolution. C'est pourquoi il tente désormais de prendre le dessus sur les communes et les villes en limitant massivement les possibilités d'introduire le 30 km/h au niveau cantonal, et même fédéral. C'est une attaque envers la sécurité routière et la qualité de vie des habitant·es, causes pour lesquelles nous nous engageons!
L'autonomie des communes et des villes menacée
Au niveau fédéral, le lobby automobile est en train de faire interdire les limitations 30 km/h sur certaines routes. Par le biais d'une motion, Peter Schilliger, membre du conseil d'administration du TCS, et ses collègues de l'ACS, de l'Union suisse des arts et métiers, de Routesuisse et d'Auto-suisse veulent imposer une vitesse de 50 km/h sur les grandes routes dites "à orientation trafic", qui traversent des villages et des quartiers d'habitations. Le Conseil national et le Conseil des États ont déjà approuvé la motion. Le Conseil fédéral doit maintenant élaborer une modification de la loi sur la circulation routière.
Comme si cela ne suffisait pas, le président de l'ACS Thomas Hurter a directement introduit l'interdiction de la vitesse à 30 km/h sous forme de proposition dans les débats en cours sur la loi sur la protection de l'environnement. Concrètement, il demande qu'une réduction de la vitesse - mesure en faveur de la protection contre le bruit - soit impossible à mettre en oeuvre sur les grandes routes. Le Conseil national a déjà approuvé la proposition de Hurter. Si le Conseil des Etats se prononce également contre le 30 km/h, un référendum sera quasiment certainement lancé. C'est pourquoi nous nous préparons dès maintenant à cette votation importante.
Votations dans les villes et les cantons
En septembre, la ville de Zurich devra se prononcer sur une initiative anti-30km/h de l'UDC. Au niveau du canton de Zurich, le lobby automobile lance deux initiatives anti-limitations vitesse à 30 km/h issues des rangs du PLR et de l'UDC. Le gouvernement cantonal soutient, contre la volonté des villes de Zurich et de Winterthur - qui sont par ailleurs les principales concernées - ces deux initiatives.
Dans le canton de Lucerne, l'UDC veut, avec son "initiative 50 km/h", imposer aux communes une vitesse de 50 km/h sur les grandes routes, même si celles-ci traversent des quartiers résidentiels. Dans les cantons de Bâle-Campagne et de Saint-Gall, le lobby automobile a également lancé des initiatives ou des interventions parlementaires visant à imposer une vitesse de 50 km/h ou à rendre l'introduction de la vitesse de 30 km/h très difficile.
Les raisons en faveur d'une limitation de une vitesse à 30 km/h
Avec une vitesse de 30 km/h, le bruit diminue de manière nettement perceptible et les pics de bruit qui perturbent le sommeil diminuent fortement. Le bruit de la route diminue de 3 décibels, ce qui correspond à une réduction de moitié du volume du trafic.
Selon le Bureau de prévention des accidents (BPA) l'introduction d'une vitesse de 30 km/h dans les localités permettrait d'éviter un tiers des accidents graves et donc 640 blessés graves et 20 morts par an.
Avec une vitesse de 30 km/h, la distance de freinage est réduite de moitié. La voiture s'immobilise après environ 13 mètres. A une vitesse de 50 km/h, le véhicule a encore toute sa vitesse à ce point en raison du temps de réaction.

L'introduction d'une vitesse de 30 km/h n'a pas d'influence significative sur le temps de parcours. Pendant la journée, avec une vitesse de 50 km/h, on se retrouve au mieux un peu plus tôt au prochain feu de signalisation. Parfois, avec une vitesse de 30 km/h, le temps de parcours est même plus court, comme sur la Seftigenstrasse à Wabern et la Schwarzenburgstrasse à Köniz car le trafic est plus régulier. Et la nuit, même sur de longs trajets traversant plusieurs localités, les automobilistes ne roulent tout au plus que quelques minutes de plus à une vitesse de 30km/h.
La vitesse de 30 km/h sur les routes à l'intérieur des localités n'a pas d'influence négative sur les véhicules à feux bleus. Avec la modification de la loi sur la circulation routière de 2023, l'évaluation des vitesses de circulation autorisées pour les véhicules d'urgence ne tiendra plus compte de la différence entre la vitesse de ces véhicules et la vitesse maximale autorisée, mais uniquement de la vitesse appropriée pour l'intervention. Celle-ci dépend de la situation et non de la vitesse signalée.