Kondensstreifen

Trafic aérien et changement climatique



Le rapport «Microrecensement mobilité et transports 2015» fait état d’une augmentation de +43% du nombre moyen de voyages en avion par personne et par an entre 2010 et 2015. La raison essentielle en est la forte augmentation des voyages privés (53%), alors que le nombre de voyages professionnels est resté stable (14% de tous les trajets en avion en 2015). Les chiffres du microrecensement de 2021 ne sont pas fiables en raison de la pandémie de COVID-19, cependant une nouvelle augmentation du nombre de vols en avion a pu être constatée depuis la fin de la pandémie. 

Vols par personnes

Vols par habitant·e et par an en 2017 (y compris les passager·ères en transit)



Le trafic aérien est responsable de 27% de l’impact climatique de la Suisse: c’est donc le secteur qui a le plus fort effet sur le climat au niveau national. 

Selon les derniers chiffres de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), les émissions de gaz à effet de serre de la Suisse dues au trafic aérien national et international se sont élevées à 5,95 millions de tonnes d’équivalents CO₂, en 2019. Après la pandémie de COVID-19, en 2023, les émissions ont atteint 5,12 millions de tonnes d'équivalent CO₂. Et les chiffres record de l'été 2025 laissent penser que les émissions de gaz à effet de serre dépasseront, en 2025, les chiffres de 2019. 

Ces émissions doivent ensuite être multipliées par un facteur de pondération des émissions, car aux émissions de CO₂ s'ajoutent d’autres gaz à effet de serre, tels que la vapeur d'eau, les oxydes d'azote, le dioxyde de soufre et la suie, qui ont un effet climatique encore plus important en altitude qu'au niveau du sol en raison de certains processus atmosphériques. Selon les connaissances scientifiques actuelles et selon une estimation prudente, on estime qu’il faudrait multiplier par 3 les émissions de CO2 pour obtenir l’impact climatique total du trafic aérien. Celui-ci se monterait donc à 17,55 millions de tonnes de CO₂ en Suisse, ce qui correspond à 27% de l'impact climatique d'origine humaine (état 2019).
 

Impact climatique par source


Sans mesures politiques, on peut supposer que le trafic aérien annuel augmentera de 20 millions de passager·ères d'ici 2030.

Le volume de voyageurs·euses dans les aéroports suisses a augmenté de +57% entre 2000 et 2024, pour atteindre le chiffre de 57,8 millions de passager·ères chaque année. Après la pandémie, le trafic aérien a rapidement retrouvé les niveaux de fréquentation de 2019. Selon les prévisions de l'Office fédéral de l'aviation civile (OFAC), le nombre de passagers dans les aéroports suisses devrait ainsi atteindre 78 millions par an d'ici 2030, soit plus de 20 millions de personnes supplémentaires par rapport à aujourd’hui. 



Quasiment 80% des destinations des Suisses se trouvent en Europe, selon l’Office fédéral de la statistique. 

Seul un cinquième des voyages en avion a pour destination un autre continent que l’Europe. En conséquence, le potentiel de transfert vers le train est immense. Ce transfert de l’avion vers le train permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre et donc les effets néfastes sur l’environnement. Par exemple, un trajet Zurich - Berlin a un impact climatique environ 30 fois plus important s’il est fait en avion plutôt qu’en train de nuit.

Destinations au départ des aéroports suisses en trafic de ligne et charter en 2024:

destinations


La plupart des cinq destinations les plus populaires depuis les aéroports suisses sont accessibles en train. De nombreuses destinations prisées se trouvent à une distance optimale pour voyager en train de nuit. 770'000 personnes prennent chaque année l'avion de Genève à Paris, alors que le trajet en train est beaucoup plus écologique… pour un temps global de centre-ville à centre-ville identique!

Le TOP 5 des destinations en 2023, au départ de Genève, Zurich et Bâle: 

top destinations

Le trafic aérien international est actuellement exempté des taxes sur le kérosène, le CO₂ et la TVA. Le trafic ferroviaire, lui, est soumis à des taxes sur l’électricité, l’usage des infrastructures (prix du sillon) et la TVA. Il en résulte une distorsion du marché qui conduit à des tarifs aériens artificiellement bon marché, ce qui accélère encore la demande aérienne. Ces billets d'avion bon marché créent alors une concurrence importante pour le transport ferroviaire, pourtant nettement plus écologique. Ainsi, diverses lignes de trains de nuit ont été supprimées ces dernières années, car elles n’étaient plus concurrentielles face aux vols «low-cost».  



Chaque tonne de CO₂ émise génère des dommages qui s'élèvent à CHF 430.–, au minimum.

Selon une étude d’Ecoplan et INFRAS, pour le compte de l'Office fédéral du développement territorial (ARE), les coûts climatiques des transports par tonne de CO2 s'élèvent à CHF 430.–. À cela s'ajoutent les coûts des émissions des autres gaz à effet de serre, qui ont également un impact sur le climat. Selon l'état actuel de la science, la valeur du CO2 doit être multipliée par 3 pour tenir compte de l'ensemble des effets néfastes sur le climat.

La plupart des pays d'Europe centrale, y compris tous les pays voisins de la Suisse, ont déjà introduit une taxe sur les billets d'avion. Aucune de ces taxes ne couvre cependant l'ensemble des dommages climatiques occasionnés.



Aujourd’hui, les ménages aux revenus les plus élevés voyagent environ cinq fois plus souvent en avion que ceux aux revenus les plus bas.

Cet écart de 1 à 5 pour la fréquence des voyages en avion entre les ménages les plus aisés et les moins fortunés est attesté par le Microrecensement, qui montre par ailleurs une stabilité de ce chiffre entre 2015 et 2021. 

vols selon revenus

Si l’on introduisait une taxe sur les billets d’avion pour réduire le trafic aérien, cela correspondrait à une taxe d’incitation. Les recettes générées par une telle taxe seraient intégralement redistribuées à toute la population. Les plus riches, qui prennent plus souvent l’avion et polluent donc davantage, contribueraient davantage que la moyenne de la population. Les personnes moins fortunées, elles, recevraient davantage qu’elles ne contribuent. Ainsi, environ 90% de la population suisse profiterait financièrement d’une taxe sur les billets d'avion. La mesure combine donc écologie et justice sociale.



Une majorité de la population suisse est favorable à une taxe sur les billets d'avion.

Il ressort d'un sondage de l'institut de recherche gfs-zürich publié en avril 2022 que la population suisse est favorable à une taxe appropriée sur les billets d'avion : selon ce sondage, 62% de la population suisse est d'avis que «pour lutter contre la crise climatique (...) des mesures efficaces sont nécessaires dans le domaine du trafic aérien». 42% des personnes interrogées sont plutôt favorables à une taxe de CHF 30.– pour les vols court-courriers et de CHF 120.– pour les long-courriers. Une autre moitié des personnes interrogées se prononce même en faveur de taxes encore plus élevées.