Nos politiques climatiques échouent non seulement par leur inaction, mais aussi en favorisant les comportements les plus polluants : l’avion reste, trop souvent, le choix le moins cher malgré son empreinte carbone largement supérieure à celle du train.
Un rapport de Greenpeace d’août 2025 a comparé les prix des trains et ceux avions sur 109 trajets en Europe. Seulement 39% étaient moins chers en train. L’exemple le plus frappant ? Le trajet Londres-Barcelone qui coûtait, pour la même date de départ, 26 fois plus cher en train (389 €) qu’en avion (14,99 €).
Des différences nationales
L’étude montre également que de nettes différences existent selon le pays de départ : depuis la France, seul 5 % des trajets étudiés sont moins chers en train (Paris-Genève par exemple). C’est 8 % depuis l’Espagne et 10 % depuis la Grande- Bretagne. L’étude relève que depuis les pays germanophones, dont la Suisse, près de 50 % des liaisons sont plus économiques en train. À l’Est, le tableau change radicalement : en Pologne, Slovénie et dans les pays baltes, le train est quasiment systématiquement moins cher que l’avion. Par exemple, la liaison Varsovie-Prague coute 34,56 € en train contre 186,24 € en avion.
Pourquoi l’avion est-il moins cher ?
Ce déséquilibre entre train et avion résulte d’un cocktail malicieux qui combine l’exonération de toutes taxes sur le kérosène ou de TVA… et des subventions publiques pour les compagnies aériennes. Pendant ce temps, les compagnies ferroviaires sont soumises à la TVA, aux taxes sur l’énergie et aux redevances d’accès aux infrastructures (« prix du sillon » en Suisse).
Comment accélérer ce changement ?
Premièrement, les subventions accordées aux compagnies aériennes doivent être supprimées et les coûts sur le climat et la santé actuellement pris en charge par la collectivité doivent être facturés à ceux qui en sont responsables. Compte tenu des dommages climatiques incommensurables causés par le trafic aérien, celui-ci doit être mis à contribution financièrement
Deuxièmement : créer un système de billetterie à l’échelle du continent qui regroupe toutes les compagnies ferroviaires nationales et internationales européennes. Un tel système éliminerait le besoin d’acheter plusieurs tickets pour un trajet à travers plusieurs pays, réduirait les coûts et la complexité pour les voyageur·euses et renforcerait leurs droits (indemnisation en cas de retard, synchronisation des correspondances, etc.).
En somme, tant que persisteront les subventions au secteur aérien et les obstacles tarifaires qui pénalisent le rail, le train ne pourra pas devenir le moyen de voyage dominant en Europe. Mettre fin aux aides publiques à l’aviation et introduire une taxe sur les billets d’avion constitue la clé d’une mobilité réellement durable et accessible à toutes et tous.
La politique privilégie l’avion par rapport au train, en contradiction avec les objectifs climatiques.
