Les personnes les plus touchées par la crise climatique sont rarement celles qui ont déjà pris l'avion. Le transport aérien est l'un des exemples les plus extrêmes d'injustice climatique.
Selon Oxfam, les 10 % les plus riches de la population mondiale sont responsables de la moitié des émissions de gaz à effet de serre. Dans le domaine du transport aérien, la situation est encore plus extrême : seulement 1 % (!) de la population est responsable de la moitié des émissions. 80 % de la population mondiale n’a jamais pris l’avion.
L’injustice n’est pas que financière, la politique migratoire restrictive joue aussi un rôle. Alors qu’il est possible pour nous de voyager dans des pays lointains et de découvrir des « cultures étrangères », les habitant·es de ces mêmes régions du monde ont généralement très peu l’opportunité d’obtenir un visa pour se rendre en Suisse. Or, ce sont eux qui souffrent le plus des conséquences de la crise climatique : chaleur croissante, précipitations extrêmes et perte des moyens de subsistance.
Une injustice aussi en Suisse
Faire voler les avions des riches ou nourrir les plus pauvres ?
L’industrie aéronautique promet de résoudre le problème climatique grâce à des carburants dits « durables » (SAF) (voir aussi page 7). Outre le fait qu’il s’agit davantage de greenwashing que de réalité, ces biocarburants aggravent encore les inégalités. En principe, les SAF ne devraient être produits qu’à partir de déchets tels que les huiles usagées. Dans les faits, ils sont déjà en partie produits à partir de plantes destinées à l’alimentation humaine et animale. Avec la part croissante des SAF, la concurrence avec la production alimentaire s’intensifie considérablement, ce qui entraîne une hausse des prix des denrées alimentaires et met encore plus sous pression la sécurité alimentaire des populations les plus pauvres de la planète.
Ainsi, ceux qui parlent de la nécessité de maintenir l'avion bon marché pour que les pauvres puissent se le permettre ne font en réalité que défendre le privilège des riches de voyager à travers la planète aux dépens des plus pauvres.
Maximiser les profits au détriment des employé·es
Bien que la compagnie Swiss ait réalisé un bénéfice de près de 700 millions de francs en 2024, elle prévoit de supprimer des emplois et d’en délocaliser d’autres à l’étranger. L’objectif est de doubler la marge de bénéfice pour la porter à au moins 8 %. De plus, Swiss utilise régulièrement sur ses lignes des avions et des équipages de la compagnie lettone Air Baltic, pratiquant ainsi un dumping salarial massif. Les agent·es de bord d’Air Baltic ne gagnent qu’environ CHF 1500.– / mois. Swiss prévoit désormais d’employer de plus en plus de personnel originaire d’Inde, de Thaïlande et de Chine, pour des salaires inférieurs à CHF 1000.– / mois.
