Lors d'une conférence de presse suivie d'une action, actif-trafiC lançait aujourd'hui l’initiative législative cantonale Climat urbain. Soutenu par 25 organisations, le texte demande de consacrer 1% par an de la voie publique pendant 10 ans, en transformant des espaces aujourd’hui accessibles au trafic individuel motorisé (stationnement, voies de circulation) pour moitié en espaces verts et arborés et pour moitié en voies pour les mobilités durables (piétonnisation, aménagements cyclables, sites propres tpg, etc.).
L’initiative Climat urbain vise à s’attaquer aux causes et aux conséquences du réchauffement climatique. En diminuant l’espace dévolu à la voiture pour développer les mobilités durables, elle vise à accélérer le transfert modal et diminuer ainsi les émissions de CO2 liées au trafic individuel motorisé. Car, aujourd’hui en Suisse, le secteur des transports est le seul dont les émissions continuent d’augmenter, alors qu’elles diminuent dans les autres domaines. Or, c’est en ville que l’usage des moteurs individuels pour la mobilité est le plus facile à substituer. La marge de manœuvre est importante à Genève pour améliorer encore l’attractivité des mobilités durables en augmentant la vitesse commerciale des tpg, en sécurisant et en rendant plus agréables les déplacements à vélo et à pied, ainsi qu'en favorisant une réappropriation de l’espace public.
Effet îlot de chaleur: Genève dans le top mondial
À cause de l’effet « îlot de chaleur urbain », Genève sera l’une des villes du monde où le changement climatique se fera le plus ressentir. Selon le deuxième rapport d’évaluation du réseau de recherche sur le changement climatique urbain (Urban Climate Change Research Network Second Assessment Report on Climate Change and Cities - ici), Genève se classe en deuxième position des villes qui subiront le pire réchauffement, avec des moyennes de températures pouvant monter jusqu’à +2.5°c dans les années 2030, +4.5°c en 2050 et +6.9°c dans les années 2080. Si rien n’est fait, la vie en ville durant les canicules estivales risque de devenir insupportable.
Le phénomène des îlots de chaleur urbains est notamment causé par le fort taux d’imperméabilisation des sols en ville. L’asphalte, sombre, emmagasine la chaleur et la faible végétalisation limite fortement l’évapotranspiration. Les nombreux moteurs qui circulent dans les rues aggravent encore le problème. L’objectif est donc de rafraîchir la ville par le développement de l’arborisation, des espaces verts, engazonnés, des haies, des plantations de prairies, etc.
Transformer la voie publique
Cette initiative cantonale s’appliquera uniquement sur le territoire des 13 communes-villes (+ de 10'000 habitant·es) du canton : Genève, Vernier, Onex, Carouge, Meyrin, Lancy, Thônex, Chêne-Bougeries, Grand-Saconnex, Versoix, Bernex, Veyrier, Plan-les-Ouates... L’initiative agit sur les surfaces : en dix ans, 10% de la voie publique du territoire de ses communes sera transformée pour convertir une partie des espaces dédiés à la voiture, pour moitié en espaces verts et arborés et pour moitié en voies de mobilité durable. De nombreux arbres et espaces verts pourront fleurir, ainsi que des pistes cyclables, des stationnements vélo, des sites propres tpg, des zones piétonnes, des trottoirs élargis, des terrasses, etc.
Réaliser enfin des projets voulus par les habitant·es
Pour sa mise en œuvre, l’initiative suspend la très contraignante compensation obligatoire du stationnement qui conditionne les projets d’aménagements en surface à la création de parkings souterrains. Cela facilitera enfin la réalisation de projets de réappropriation de l’espace public par les habitant·es, qui attendent cela de longue date. Pour veiller à la réalisation de l’initiative, le Conseil d’Etat doit nommer une commission consultative ad hoc qui doit délivrer un rapport bisannuel faisant état de la mise en œuvre.
Non seulement l’initiative Climat urbain réduira à la source le réchauffement climatique, mais elle permettra également une plus juste répartition de l’espace public en ville en accordant davantage de place aux habitant·es. L’espace public est aujourd’hui toujours consacré de manière disproportionné à la voiture, alors même que ses nuisances posent de graves problèmes: pollution atmosphérique, nuisances sonores, accidents, stress, sédentarité, coûts importants pour la collectivité, etc. Il est temps que cela change de manière significative.
Un front très large
L’initiative est soutenue par plus de 25 organisations allant des associations environnementales (actif-trafiC, ATE, Pro Velo, Pro Natura, WWF, Grève du Climat, Grands-Parents pour le Climat, Noé21, Collectif 144) aux associations d’habitant·es (Pâquis, Jonction, Petit-Saconnex, St-Gervais, Eaux-Vives), mais aussi l’AVIVO, le syndicat SIT et bien sûr des partis politiques allant de solidaritéS et du Parti du Travail aux Verts Libéraux, en passant par le PS, les Vert·e·s et les jeunesses de toutes ces formations. Le délai de récolte court jusqu’à fin août 2021.
Revue de presse
Photos de la conférence de presse + Performance "Ilot de fraîcheur" par Foofwa d'Imobilité
(©Eric Roset - contactez contact@eric-roset.ch pour utiliser les photos)